Vous qui êtes membres de KinêmaGraphien, aimez le cinéma. Le cinéma d’animation est une catégorie qu’on met parfois trop à l’écart, sous prétexte que « les dessins animés, c’est pour les enfants », tout en oubliant que beaucoup de films d’animation nous ont tous marqués. Que ce soit par Disney et ses fameux longs métrages révolutionnaires (citons Blanche-Neige et les Sept Nains, 1937) ou des œuvres iconiques du studio Dreamworks comme Shrek, ou encore chez Bluesky avec L’Âge de Glace.
Internet a parfois des informations distordue à propos des « meilleurs animateurs ». Souvent, les noms qui sont mis en lumière sont des réalisateurs (John Lasseter) ou des producteurs (Walt Disney). Eux, sont les grosses têtes derrières les grandes idées. Mais en aucun cas les petites mains d’artisans de l’image, qui donnent vie à nos personnages favoris.
J’ai appris à apprécier les mouvements subtiles et les volumes en mouvements, depuis ma formation en cinéma d’animation. Mon top 5 citera donc des animateurs qui m’ont impressionnée et qui m’ont donné encore plus envie de me dépasser.
Glen Keane
Une référence pour plusieurs générations – je dirais même une légende. Il commence chez Walt Disney avec Les Aventures de Bernard et Bianca et Peter et Elliot le Dragon en 1977. Il est rapidement promu superviseur de l’animation sur Rox et Rouky (1981). Son trait fluide et son dessin instinctif le mène à travailler en détail sur des personnages comme Tarzan, dans le film éponymne. En s’inpirant des surfeurs, il effectue des recherches approfondies sur ses mouvements et ses déplacements dans les arbres.
Sa fille Claire est aussi dans l’industrie. Elle l’a rejoint sur la production de Raiponce en 2009, en tant que concept artist.
James Baxter
La carrière de James Baxter débute dans les années 1980, avec Qui veut la peau de Roger Rabbit. Il suit son chemin tout tracé en arrivant chez Walt Disney avec La Petite Sirène et devient superviseur de l’animation sur La Belle et la Bête.
Rien ne lui résiste ; il passe des animaux quadripèdes aux antropomorphes, en passant par les humains, toujours avec une gestion exceptionnelle des volumes.
Il devient une légende et commence à apparaître en tant qu’animateur additionnel sur des séries télévisées. Dans Adventure Time, Pendleton Ward dédie un épisode à l’animateur anglais. Le personnage “James Baxter” est un cheval acrobate, animé entièrement par Baxter depuis son home-studio. Sa femme Kendra l’aide sur l’étape suivante : le clean-up.
Ellen Woodbury
Comme dans beaucoup de domaines, les femmes sont sous-représentées, et ont pendant très longtemps eu du mal à s’intégrer au métier. Leurs petites mains précises étaient placées aux postes de coloristes ou traceuses (= encrer les celluloïdes en se basant sur le travail sur papier des animateurs).
Après Lillian Friedman Astor ou Lotte Reiniger, on peut citer Ellen Woodbury qui donna vie à Zazu (Le Roi Lion) Pégase (Hercules) et Abu (Aladdin), grâce à son porte de supervision d’animation. D’après la WIA (Women in Animation), Woodbury prête attention aux details, a un grand désir d’apprendre, et adore les challenges.
Elle s’est ensuite reconvertie vers la sculpture sur pierre. Cependant elle donne encore des workshop en animation de personnages.
Aaron Blaise
Tout d’abord illustrateur et peintre, passionné par le règne animal, il commence à animer chez Walt Disney Animation en 1988. Bernard et Bianca au pays des kangourous, La Belle et la Bête, Aladdin, il gravit les échelons rapidement, avant de devenir superviseur sur Le Roi Lion ou encore Mulan. Très naturellement, on lui proposera la réalisation de Frère des Ours en 2003, qui reste à ce jour son plus grand succès.
Très actifs sur les réseaux, il partage ses connaissances au travers de live-sessions ou de cours magistraux, pour artistes débutants et expérimentés.
Milt Kahl
Milton Erwin Kahl est le plus vieux de cette liste, car il a fait partie des Nine Old Men: les neuf Sages de Disney. Ils consituaient l’équipe de choc du studio d’animation à partir des années 30, et sont crédités pour les 12 principes de l’animation, encore enseignés aujourd’hui dans toutes les écoles.
Surnommé le “Michelange de l’animation”, il est cité sur de nombreux examples dans le livre de Richard Williams “The Animator’s Survival Kit”.
C’est aussi le seul de la liste qui n’est plus de ce monde. Né en 1909, ce bon vieux génie a bien le droit de se reposer.
Cette minuscule collection de très grands artistes vous auront peut-être donné envie de découvrir plus en détail leurs œuvres. Montrer que les artisans de l’image se déclinent sous plusieurs formes, et que le cinéma d’animation n’est pas une catégorie Netflix, mais bien une technique.