Couronne de l’Avent 2024

Big Fish

critique de Pascal Lécureux

Réalisé par Tim Burton
Scénario de John August
Musique de Danny Elfman
Avec Ewan McGregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Marion Cotillard, Helena Bonham Carter, Danny De Vito, Steve Buscemi
Photographie de Philippe Rousselot
Produit par Richard D. Zanuck, Bruce Cohen et Dan Jinks
Sorti en Suisse le 3 mars 2004, 125 minutes, Fantastique, comédie dramatique
8,0/10 sur IMDB
Disponible sur Apple TV (dès 4.50 CHF), YouTube (dès 11.00 CHF)

La bande-annonce de Big Fish, VOSTfr

En 2004, un film a changé ma vie. À l’âge de 13 ans, je suis entré dans une salle de cinéma pour voir Big Fish de Tim Burton. Deux heures plus tard, je sortais transformé. En rentrant, je me suis tourné vers mes parents pour leur annoncer que je voulais faire du cinéma. Ce moment fut un déclic, et depuis, Big Fish reste mon film de chevet, celui qui me rappelle pourquoi j’aime raconter des histoires.

Adapté du roman de Daniel Wallace, Big Fish est l’histoire d’Edward Bloom, un père fantasque, connu pour ses récits invraisemblables et merveilleux. Alors qu’il se meurt, son fils William, plus terre-à-terre, tente de démêler le vrai du faux parmi ses histoires. Ce film est une ode à la narration, aux liens familiaux, et à l’idée que ce qui compte n’est pas forcément la vérité, mais l’impact des récits que nous laissons derrière nous.

La réalisation de Tim Burton est ici profondément personnelle. Ayant perdu son père en 2000 et sa mère en 2002, un mois avant de signer le contrat pour réaliser le film, Burton transforme son deuil en un hommage cinématographique. Ce sentiment de perte et de réconciliation imprègne le film, en faisant une œuvre intime et poignante. Si le film reste ancré dans son style burtonien, mêlant le réalisme au fantastique, il sort aussi de ses habitudes. L’esthétique, bien que identifiable à Burton, adopte une élégance et une simplicité nouvelles, s’éloignant des ambiances gothiques qui caractérisent ses œuvres précédentes. Ce mélange d’ancien et de nouveau enrichit l’univers visuel et émotionnel du film.

Le casting est tout aussi remarquable. Burton réunit ici des visages familiers de son univers, comme Helena Bonham Carter et Danny DeVito, tout en s’entourant de nouveaux talents. Ewan McGregor brille dans le rôle d’un Edward Bloom jeune, tandis qu’Albert Finney donne une profondeur touchante à Edward vieillissant. Jessica Lange et Steve Buscemi apportent leur charme unique, et ce film marque également le début de la carrière hollywoodienne de Marion Cotillard, qui illumine chaque scène où elle apparaît. L’alchimie entre ces acteurs donne vie à cette fresque émotionnelle avec une sincérité rare.

Un autre élément marquant est la musique de Danny Elfman. Connu pour ses compositions exubérantes, Elfman se réinvente ici en livrant une partition douce et aérienne, pleine d’arpèges évoquant l’eau, omniprésente dans le film. Malgré la nostalgie et les thèmes tristes de l’histoire, sa musique reste empreinte de joie et d’espoir, enveloppant le film d’une lumière apaisante.

Big Fish est aussi une histoire sur la transmission. Il nous rappelle que les récits que nous racontons peuvent survivre à notre propre existence. Ce message m’a inspiré, à 13 ans, à rêver de créer des histoires capables de toucher les autres, comme ce film m’a touché.

À l’approche de Noël, ce film trouve naturellement sa place. Il parle d’amour, de réconciliation et d’un émerveillement face à la vie, même dans ses moments les plus simples. Pour moi, le revoir est comme ouvrir un cadeau que l’on connaît déjà, mais dont le contenu nous émerveille à chaque fois.

Je vous invite à (re)découvrir Big Fish en cette période de l’Avent. Laissez-vous emporter par sa magie, et peut-être, comme pour moi il y a 20 ans, il changera quelque chose en vous.

Illustration par G.C. de Pixabay

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.