Back to the Future – Main Theme

Le thème principal de Retour vers le Futur (Back to the Future, pour les puristes) fait partie de ces musiques mythiques du cinéma. L’un de ces thèmes iconiques que tout le monde connait et reconnait.

Mais qu’est-ce qui fait son succès ? Quels sont ses secrets?


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Avant l’écoute

Le thème principal de Retour vers le Futur est écrit en gamme de do mineur. Alan Silvestri choisit cette gamme pour nous préparer dès les premières notes à un univers de science-fiction, rempli de mystères et où la vie du personnage principal sera mise en péril par son aventure. Pourtant, la musique n’a rien de sombre, ni de larmoyant. Elle est brillante et rayonnante.

Pour rappel, nous sommes en été 1985. Robert Zemeckis (le réalisateur) n’a, pour l’instant, qu’un petit succès mitigé avec son film A la poursuite du diamant vert et aucun studio ne mise vraiment sur son prochain film : Retour vers le futur. Pour la musique, il s’approche d’Alan Silvestri, avec qui il a déjà collaboré sur son Diamant vert. Pour le grand public, le jeune compositeur n’est pas particulièrement connu. Pour les connaisseurs, c’est surtout le compositeur qui a fait la musique de CHiPs avec son synthétiseur… Autant dire que peu de monde les attend au contour. C’est véritablement Retour vers le futur qui va changer la donne, autant pour Zemeckis que pour Silvestri.

Et si on l’écoutait ?

On démarre déjà avec une tenue de cymbales pour nous permettre d’entrer dans cet univers. La première partie de l’orchestre, composée de clarinettes, de trompettes Sib, de flûtes traversières, de hautbois, de violons, de saxophone ténor, de cors et de trombone jouent les premières notes du premier motif à l’unisson, très vite rejointe par le reste de l’orchestre qui vient compléter les accords.

On notera déjà une particularité : Silvestri ajoute à son orchestre symphonique des saxophones, même si discrets, pour rappeler la sonorité du jazz des années 1950.

Ici, les cuivres sont très présents et jouent la mélodie. Pourquoi les cuivres et non pas les cordes comme d’habitude ? Pour préparer le spectateur à l’aventure dont il va être témoin. Le héros, Marty McFly, sera forcé de quitter sa zone de confort pour vivre son aventure, dans un monde qu’il ne connaît pas et dont il pourrait ne jamais revenir.

Silvestri tient son premier motif légèrement avant de partir avec brio sur le deuxième, joué par les cors, le reste de l’orchestre se mettant plus ou moins en retrait.

Puis, le troisième motif, joué cette fois par les violons et le glockenspiel, fait son entrée. Cette fois, on revient sur les bases connues : ce film est une aventure tout public comme on les aime.

Une petite descente chromatique lors du quatrième motif pour revenir sur le second, agrémenté d’une première variation pour les instruments accompagnants.

La caisse claire démarre un ostinato, illustrant le temps. Le temps presse, d’une part et, d’autre part, on joue avec lorsqu’on le remonte. Pendant ce temps, les cordes reprennent le deuxième motif, joué sur une nouvelle variation, tout de suite suivis par les trompettes qui reprennent les premières notes de ce même motif en montant d’un ton à chaque reprise. Puis une montée chromatique des contrebasses.

Après un court intermède, on poursuit avec le retour du second motif, joué plus lentement par la basse sib, pendant que le reste de l’orchestre accompagne sur un rythme très soutenu, afin de garder ce sentiment de pression du temps. Puis, c’est à nouveau les cors qui reprennent la mélodie dans son arrangement d’origine avant d’enchainer sur le troisième motif, plus victorieux, joué par les trompettes, laissant prévoir que le héros parviendra à son but, ou en tout cas y croit fortement. La suite de la mélodie est poursuivie par les cordes.

Les cors repartent sur le quatrième motif, sur une descente chromatique cette fois. Puis, lors d’une longue tenue, les cors esquissent encore une fois le deuxième motif, puis lors de la seconde tenue, c’est au tour des trompettes et, finalement, une ultime fois par ces deux instruments à l’unisson avant de terminer sur une magistrale coda.

Et dans tout ça, qu’est-ce qu’on peut en retenir ?

Il est assez rare d’entendre un thème principal où les cuivres ont la part belle et devancent les cordes dans un film qui ne parle ni d’armée, ni de pouvoir, ni de patriotisme ou d’un sujet martial en général (donc on mettra bien sûr de côté des thèmes tels que ceux de Star Wars, Captain America ou encore Avengers). Ici, Alan Silvestri utilise principalement les cors et les trompettes  pour montrer l’urgence de trouver une solution, sinon, Marty McFly ne retrouvera jamais son époque et finira inévitablement par s’effacer de l’humanité. Il compose un thème sur une gamme de do mineur sans pour autant le rendre moins brillant. Les différents motifs sont souvent espacés par des tenues, des chromatismes ou des arpèges mais le rythme constant de la musique fait qu’elle ne devient jamais lassante, ne contient aucune longueur. La simplicité des mélodies fait qu’elles restent en tête facilement. Lorsqu’on entend cette musique, on a soi-même envie de vivre des tonnes d’aventures et de devenir un héros à l’image de Marty McFly.

Silvestri compose un thème certes assez simple pour des oreilles distraites mais, si on écoute plus en détail, on constate qu’il a imaginé une musique écrite en différents motifs qui lui permettaient, tout au long du film, de les séparer pour n’utiliser qu’un motif par-ci, par-là. Le fait d’avoir composé une mélodie qu’il pouvait fragmenter à sa guise démontre une intelligence musicale et une réflexion en amont de la part du compositeur, ainsi qu’une compétence qui a surpris plus d’un mélomane et cinéphile.

La recette est simple, mais elle prend et, au final, Alan Silvestri nous propose ce qui est devenu l’un des thèmes les plus reconnaissables du cinéma, tout en le plaçant quasi instantanément au rang de grand compositeur, capable non seulement de créer des thèmes forts, mais aussi d’écrire de la musique pour orchestre sympnhonique.

Pascal

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